
15/05/2025
Les Assises de la Coopération ont réuni le mercredi, 7 mai, plus de 400 acteurs de tous les domaines de la coopération internationale du Luxembourg à la LuxExpo.
Organisées chaque année par le ministère des Affaires étrangères en coopération avec le Cercle de coopération des ONGD, les Assises réunissent l’ensemble des acteurs du secteur pour permettre auxreprésentant.e.s des organisations non-gouvernementales de développement (ONGD), de LuxDev, de différents ministères et institutions multilatérales, et d’autres acteurs présents au Luxembourg de s’échanger et d’adresser ensemble le futur de la coopération internationale.
Sous le titre de « L’aide au développement dans une monde en poly-crise » l’édition 2025 s’interrogeait sur le futur du multilatéralisme et les tendances de transformation actuelles de la coopération. En 4 parties, divers.e.s intervenant.e.s internation.aux/ales présentaient leurs perspectives et visions pour assurer que la coopération internationale puisse continuer à contribuer à l’éradication de la pauvreté partout dans le monde, alors que nombre d’États réduisent leur engagement. Alors que l’ancien secrétaire-général des Nations Unies Ban Ki-moon témoignait d’un « mild optimism » concernant le futur du multilatéralisme, l’ensemble de la journée a montré qu’au-delà des institutions internationales, les acteurs de la société civile jouent un rôle fondamental pour le futur de la solidarité internationale.
Dans son allocution, Nicole Ikuku, la directrice du Cercle de Coopération des ONGD, soulignait le lien étroit entre « une démocratie robuste et une coopération internationale forte », tant dans les pays partenaires de la coopération, qu’au Luxembourg. En effet, si la coopération internationale est plus connue à travers ses activités dans le Sud global, les ONGD partagent les expériences acquisent en mettant en œuvre des projets avec leurspartenaires avec le Luxembourg à travers leurs activités d’éducation à la citoyenneté globale et de travail de plaidoyer politique. Dans les mots de la directrice du Cercle « les ONGD apprennent […] de leurs partenaires comment rendre la société civile vivante et vibrante, et résiliente aux nombreuses menaces qui deviennent aujourd’hui aussi plus forts en Europe. C’est une des grandes richesses qui coule de nos partenariats internationaux et qui constitue un trésor important pour nous toutes et tous, ici au Luxembourg. »
La résilience et les capacités spécifiques aux ONGD, surtout locales, ont pu être entrevues lors de la table ronde « Comment agir ou réagir face à des contextes fragiles ? » organisée par le Cercle. Après la présentation par Cyprien Fabre des résultats du rapport « États de fragilité 2025 » (1) de l’OECD, Remi Fabbri de la Croix Rouge luxembourgeoise et Fatou Maria Drame de l’ONGD sénégalaise ENDA Santé (2) ont partagé avec le public comment leurs organisations assuraient le maintien de leur engagement dans des situations qui pouvaient poser un danger à leurs partenaires sur le terrain. Dans ce contexte, Madame Drame a souligné l’importance de « l’ancrage communautaire » et de la « co-construction des projets » avec les populations sur place pour garantir qu’une dégradation de la situation sécuritaire, par exemple, ne porte pas entrave à la réalisation des projets de soutien.
Parmi les contributions des ONGD à la politique de coopération du Luxembourg il faut mentionner également la veille sur la cohérence des politiques pour le développement. Lors d’une table ronde dédiée au Global Gateway de l’Union Européenne, l’intervention de Javier Garcia de la Oliva, vice-directeur de CONCORD Europe (réseau européen des ONGD) et « Head of Country Support Europe and Americas » chez ActionAid Internationaldémontrait la qualité de l’œil critique de la société civile sur les futurs développements de la coopération. Monsieur Garcia soulignait l’importance de maintenir une coopération internationale axée sur le développement humain et l’inclusion de la société civile, tant au Nord qu’au Sud global. Il avertissait, entre autres, du risque que le Global Gateway s’approprie des fonds désignés pour la coopération internationale, et des répercussions potentielles d’une structure basée sur la mobilisation de fonds privés sur la dette des États du Sud global.
Le gouvernement du Luxembourg est exemplaire sur le plan international avec une aide publique au développement (APD) disposant d’un budget à la hauteur de 1% du revenunational brut, et le maintien du principe de l’additionnalité qui postule que les engagements climatiques internationaux et les coûts liés à l’accueil des réfugiés.e.s ne sont pas attribués à l’APD. Comme l’a montré le rapport sur la revue par les pairs effectuée par l’OECD sur la politique de coopération luxembourgeoise (3), présentée au début des Assises, même un engagement exemplaire comme celui du Luxembourg peut cependant encore faire face à des opportunités d’amélioration. Le Cercle de Coopération des ONGD se réjouit de la qualité des échanges et idées présentés lors des Assises 2025, qui ont montré des pistes inspirantes pour mettre en œuvre ces opportunités. Si la coopération internationale, comme d’autres parties du système du multilatéralisme, doit faire face à des nouveaux défis à l’heure actuelle, le Cercle de Coopération se félicite d’une édition des Assises qui a clairement souligné que les ONGD et la société civile, tant au Nord qu’au Sud global, sont indispensable pour atteindre les objectifs de cette coopération internationale.
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