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Actualités.

19.10.2020

Réunion du Cercle des ONGD avec la Commission des affaires étrangères et européennes, de la Coopération, de l'Immigration et de l'Asile

Le 19 octobre, la Commission des Affaires étrangères (CAE) a accueilli le Cercle de Coopération pour discuter des défis auxquels doivent faire face les ONGD au Luxembourg et leurs partenaires dans les pays en développement en raison de la pandémie du COVID-19.

Cette rencontre se fait annuellement dans le cadre de la déclaration du Ministre de la Coopération à la Chambre des députés sur la politique de Coopération de développement et de l’action humanitaire et représente une opportunité pour le Cercle de partager les préoccupations et constats de nos membres, les ONG de développement, avec les député.e.s avant cette déclaration.

Les interventions

Le Cercle, représenté par Nicole Ikuku, Véronique Faber et François-Xavier Dupret, a été accompagné de deux membres – Raymond Weber, président de SOS Faim et Michaël Lucas, coordinateur chez ASTM, afin d’approfondir les sujets abordés et de relayer des témoignages du terrain.

Un premier point de discussion a été le constat que cette pandémie est plus qu’une crise sanitaire. Elle a fait qu’exacerber les crises existantes comme l’urgence climatique, la crise alimentaire, accès aux besoins de base, l’insécurité des régions, la crise de la dette et les violations contre les droits humains.

Cette crise a révélé au grand jour les inégalités existantes au niveau économique, social et culturel et a contribué à fragiliser davantage les groupes de personnes les plus vulnérables. Un effondrement économique en résultera si nous n’agissons pas maintenant.

Plus que jamais, le Luxembourg doit montrer l’exemple et donner les moyens aux acteurs de la coopération au développement et à leurs partenaires d’agir pour les populations les plus vulnérables. Il faut consolider les résultats obtenus ces dernières années par les ONGD, leurs partenaires et les autres acteurs de la coopération. Maintenir ces efforts financiers impactera peu le budget de l’État mais appuiera ceux qui en ont le plus besoin et sera un signal fort vers les autres pays européens, constate Nicole Ikuku, directrice du Cercle de Coopération.

Une autre conclusion a été que les défis mis en lumière par la crise du Covid-19 ne peuvent pas être résolus uniquement par des « aides » d’urgence. Les deux modes interventions suivent des logiques bien différentes et il faut veiller à ce que, en raison des nombreux incendies qui nous entourent, les acteurs de coopération disposent toujours d’une marge de manœuvre suffisante afin d’investir dans un développement durable et à long-terme.

Les organisations partenaires des ONGD et les populations les plus vulnérables auront plus que jamais besoin d’appuis et de moyens financiers substantiels pour que la réalisation de l’Agenda 2030 et des 17 objectifs de développement durable (ODD) ne deviennent pas un engagement futile – un engagement qui ne pourrait plus revendiquer de ne vouloir laisser « no one behind ».

Néanmoins, Raymond Weber, président de l’ONGD SOS Faim, pointe le risque de voir la coopération internationale au développement diluée dans l’Agenda 2030 de développement durable. Pour illustrer ce risque, il fait référence à la Déclaration du droit au développement, adoptée en 1986 par l’Assemblée générale des Nations Unies et que plus de 120 membres des Nations-Unies voudraient transformer en « Convention », juridiquement contraignante. Dans une approche « droits » du développement, une telle Convention serait plus que souhaitable pour mieux défendre, par exemple, la souveraineté alimentaire.

Michaël Lucas partage des témoignages des partenaires de l’ASTM pour souligner comment le confinement a impacté les populations avec lesquelles ils travaillent. Le confinement était certes vécu simultanément dans le monde entier, mais dans les pays en développement, où une majorité de la population active travaille dans le secteur informel, sans protection sociale et sans accès aux services de base en matière sanitaire et sociale, la situation était – et reste toujours – particulièrement difficile.

Les pays en développement ont un besoin urgent de moyens financiers pour prévenir une crise économique et pour faire face aux dépenses extraordinaires causées par cette pandémie. François-Xavier Dupret, responsable analyse et partenariat au Cercle de Coopération, a préparé une note, montrant comment la crise sanitaire a exacerbé le risque d’insoutenabilité de la dette ou de défaut de paiement pour les pays en voie de développement. Une réponse urgente et concertée des créanciers est nécessaire pour éviter l’effondrement des économies les plus fragiles et une réflexion en profondeur sur les systèmes financiers et économiques mondiaux et leurs impacts sur les économies les plus fragiles doit être menée.

Le Luxembourg doit réaffirmer clairement son engagement conséquent dans la solidarité internationale et l’Agenda 2030 et honorer son rôle de chef de file au niveau européen et international. Pour souligner cela, le Cercle de Coopération a fait passer les messages suivants :

  • Les populations les plus vulnérables et la solidarité internationale doivent être au centre des préoccupations du Luxembourg comme de l’Union Européenne, surtout en temps de crises ;
  • Il faut maintenir – voire renforcer – les niveaux de financement de l’aide publique au développement (APD) et des fonds additionnels, en montants absolus, par rapport à 2020, malgré la baisse du RNB, et donc du 1% du RNB que le Luxembourg s’est fixé comme objectif ;
  • Il faut assurer que l’APD soit utilisée à bon escient (efficacité de l’aide) et que la redevabilité (« accountability ») de l’aide soit assurée ;
  • Il faut veiller à ce que les efforts de développement ne soient pas affaiblis, voire empêchés, par l’existence de politiques et stratégies contradictoires (cohérence des politiques pour le développement).

Lors de sa première déclaration sur la politique de la Coopération au développement et de l’Action humanitaire, Franz Fayot a réaffirmé l’engagement du Luxembourg pour le maintien de l’aide publique au développement (APD) à hauteur de 1% du revenu national brut.

Le Cercle est satisfait de constater qu’un grand nombre de nos recommandations et observations ont été prises en compte par le ministre et par la majorité des député.e.s..

Pour revoir la déclaration et les interventions (5 heures), cliquez ici.

La déclaration en luxembourgeois et en français sont disponible ici.